A Pékin comme dans les autres métropoles asiatiques, les stars de l'architecture se voient proposer un défi de taille: comment marier la technologie verte au design ultra-moderne, tout en préservant le patrimoine culturel.
"Je suis reconnaissant envers la Chine... (L'opéra) est une opportunité comme on en a qu'une dans sa vie, quand on l'a", assure M. Andreu, architecte de ce bâtiment ovale en titane et verre qui jaillit d'un plan d'eau au centre de Pékin.
"La Chine construit énormément, et donc les chances de construire sont très grandes. La Chine a aussi des ambitions... Ils n'ont pas fait grand chose pendant des années, et je suis sûr qu'ils avaient le sentiment d'une espèce de retard," a confié M. Andreu a l'AFP.
Parmi les dernières réalisations, la tour de la CCTV, considérée comme l'une des créations architecturales les plus osées, ou la tour de 101 étages du World Finance Center de Shanghai.
M. Andreu réalise lui un musée archéologique à Taiyuan (nord) et l'Anglo-Irakienne Zaha Hadid, lauréate du Pritzker Price 2004, le Nobel de l'architecture, vient de mettre la dernière main à l'opéra de Canton (sud).
Le Britannique Norman Foster, auteur de l'emblématique tour HSBC à Hong Kong, travaille pour sa part à la construction du siège de la banque CITIC à Hangzhou (est).
Mais les étrangers ne sont pas seuls à profiter de la fièvre constructrice chinoise: ainsi Ma Qingyun a été désigné l'an passé par le magazine Businessweek comme l'un des architectes les plus influents, au même titre que Zaha Hadid.
Un autre Chinois, Wang Shu, leader de l'architecture durable s'est vu décerner le 16 juin par l'Académie française d'architecture la médaille d'or pour l'ensemble de son travail.
Mais ce boom ne se limite pas à la Chine, selon Michael Tunkey, partenaire basé à Shanghai du cabinet Cannon Design.
"Le fait que les salaires chinois aient grimpé au cours des dernières années a créé des opportunités plus grandes dans des pays comme le Vietnam ou la Thaïlande", a-t-il expliqué.
"De plus en plus" de cabinets d'architectes, de taille moyenne comme des succursales de grands cabinets internationaux, s'ouvrent au Vietnam, confirme Nguyen Chi Tam, responsable de HighEnd Architecture à Hanoi, qui collabore avec l'Italien Renzo Piano sur un projet d'opéra à Hanoi.
Mais la frénésie de développement des grandes cités asiatiques fait souvent peu de cas du patrimoine architectural existant. A Pékin, comme à Hanoi, de nombreux bâtiments anciens ont été sacrifiés.
"Sur le papier, il existe encore plus de 1.000 villas françaises datant de l'ère coloniale, mais selon moi, seules quelques centaines ont conservé leur style original", assure Hoang Dao Kinh, architecte basé à Hanoi.
Plus respectueux de son passé, Singapour a réussi à sauvegarder plus de 7.000 bâtiments anciens, tout en les faisant cohabiter avec des ensembles architecturaux ultramodernes.
Autre enjeu: développer une architecture respectueuse de l'environnement, sur le modèle du Ciputra World, un complexe de bureaux et de divertissement à Jakarta. Ce projet de 247 millions d'euros vise une consommation d'énergie réduite de 20% par rapport à un autre immeuble similaire, grâce à du double vitrage et à un système de circulation d'air sophistiqué.
En Chine, la tour Pearl River à Canton, qualifiée de "gratte-ciel le plus écologique du monde", est dotée d'ouvertures équipées de turbines qui vont capter le vent et produire l'énergie dont aura besoin l'immeuble, selon le cabinet SOM.
Pour M. Tunkey cependant, dans ce domaine, la Chine est encore bien en retard sur les Etats-Unis ou l'Europe: "mais si elle décide de prendre la tête du mouvement, elle a le potentiel pour aller plus vite que n'importe quel autre pays".
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