A cette occasion, une sorte de "G7" des grands centres culturels de la planète se tient vendredi et samedi dans cette ville de 80.000 habitants où doit être construit à partir de mars, un centre culturel d'après les dessins du maître brésilien de l'architecture.

Ce "Forum mondial des centres culturels" rassemble les représentants du Centre Pompidou de Paris, du Lincoln Center de New York, de l'Opera de Sydney, de la Bibliothèque d'Alexandrie, du Barbican Center de Londres, du Tokyo International Forum et du Hong Kong Cultural Center.

Tous ces responsables appelés à venir partager leurs expériences, seront réunis dans le cadre du futur Centre culturel international Oscar Niemeyer dont l'inauguration à Avilés est prévue d'ici deux ans.

L'architecte célèbre pour avoir dessiné dans les années 1950 les contours de la capitale brésilienne Brasilia, a imaginé pour cette petite ville espagnole un nouvel espace culturel à l'image de celui réalisé par l'Américain Frank Gehry pour la fondation Guggenheim à Bilbao au Pays Basque (nord).

Ce bâtiment qui est le tout premier conçu par l'architecte pour l'Espagne, prétend "régénérer une ville assez sinistrée par la reconversion industrielle" et attirer des emplois dans la culture et les services, explique à l'AFP le sous-directeur du Centre Niemeyer, Joan Picanyol.

Le centre décrit comme une "grande scène de théâtre", trouvera sa place sur une friche industrielle laissée par une usine sidérurgique au bord du fleuve côtier Ria de Avilés, près du centre ville.

Le site n'est pas sans rappeler celui du futuriste Musée Guggenheim de Bilbao qui lui aussi était né, il y a 10 ans tout juste, en bordure de fleuve pour régénérer une ville en plein déclin industriel.

Mais la comparaison s'arrête là, selon M. Picanyol: "Nous ne sommes pas un musée mais un centre culturel. Nous n'avons pas un fond permanent d'oeuvres. Nous voulons être absolument multidisciplinaire".

L'objectif est de pouvoir y présenter aussi bien des expositions que des spectacles, des concerts, des congrès et des événements en plein air.

Ce nouveau lieu correspond à un projet architectural dont l'architecte brésilien avait fait cadeau à la Fondation Prince des Asturies après avoir reçu en 1989 ce prestigieux prix espagnol, décerné tous les ans à Oviedo, la capitale des Asturies.

Le Centre Niemeyer se composera d'une galerie d'exposition de 4.000 mètres carrés, d'un auditorium de 1.000 places, d'un centre de congrès, de cinémas, d'un restaurant et d'une vaste esplanade.

Ce centre multiculturel sera doté d'un conseil avec parmi ses membres le cinéaste américain Woody Allen, le scientifique britannique Stephen Hawking, le président de Google Vinton Cerf et encore l'écrivain brésilien Paulo Coelho.

Niemeyer qui ne sera pas présent pour la tenue du "Forum mondial des centres culturels", y enverra cependant un message vidéo et compte bien se déplacer pour la pose de la première pierre de son édifice en mars.

L'architecte brésilien Oscar Niemeyer qui fête ses 100 ans samedi est encore en pleine activité créatrice, avec en moyenne cinq projets par mois dont la plupart se distinguent par des lignes courbes et sensuelles, "un hommage au corps de la femme".

Le concepteur de Brasilia, en collaboration avec l'urbaniste Lucio Costa, travaille encore tous les jours dans son atelier aux grandes baies vitrées, face à la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro.

Il a abandonné récemment, avec soulagement, une chaise roulante qui limitait ses déplacements après une fracture du bassin en décembre 2006.

Mercredi, au nom du président français Nicolas Sarkozy, il a été élevé au grade de commandeur de la Légion d'Honneur lors d'une cérémonie intime dans son atelier où il est apparu en forme au bras de son épouse et ex-assistante Vera Lucia Cabrera (60 ans).

"Je suis très content de recevoir une décoration venant d'un pays où j'ai reçu toutes les possibilités de travail", a-t-il dit en français à l'ambassadeur de France, Antoine Pouillieute.

La France qui l'a accueilli pendant quelques années alors qu'il fuyait la dictature militaire brésiilenne (1964-1985) compte près d'une vingtaine d'oeuvres de Niemeyer, dont le siège du Parti Communiste à Paris (1965) et la Place du Havre (1972).

"J'ai le même intérêt pour la vie que quand j'étais jeune", avait-il dit en avril lors de l'inauguration du Théâtre Populaire de Niteroi, un édifice curviligne évoquant une femme couchée sur la pelouse. "Ma recette: ne pas accepter la vieillesse, penser qu'on a 40 ans et agir comme si".

Le doyen de l'architecture brésilienne a actuellement sept projets en cours d'élaboration et une dizaine d'autres dont la construction est sur le point de démarrer: l'école du théâtre Bolchoï à Santa Catarina (sud du Brésil) ou la Place du Peuple à Brasilia, immense salle de concert en plein air.

A l'étranger, d'autres projets sont en cours parmi lesquels un auditorium à Ravello en Italie, un Parc aquatique à Postdam en Allemagne ou l'ambassade du Brésil à Cuba.

Celui qui reste un "communiste convaincu" a fait cadeau au président vénézuélien Hugo Chavez d'un projet de monument en hommage au dirigeant indépendantiste d'Amérique latine Simon Bolivar. Mais ce projet ne verra pas le jour car "Chavez préfère quelque chose de moins abstrait", selon Niemeyer.

José Carlos Sussekind, l'ingénieur responsable pour le calcul structurel des bâtiments affirme admiratif que lorsque Niemeyer "dessine sur le papier, il a déjà tout défini".

"Il travaille beaucoup plus dans sa tête que sur le dessin", a-t-il dit au journal Globo qui vient de consacrer un cahier spécial à "notre génie vivant".

La semaine dernière, l'Institut du patrimoine historique et artistique national (Iphan) a classé "monuments historiques" les dernières 23 oeuvres de l'architecte, à Rio et Brasilia.

Il y a dix jours, le président Luiz Inacio Lula da Silva s'est déplacé à Rio pour lui remettre dans son atelier la "Médaille du Mérite Culturel" en hommage aux quelque 600 oeuvres réalisées dans le monde entier. C'est à cette occasion que le chef de l'Etat a annoncé que l'année 2008 serait décrétée "année Oscar Niemeyer".

Vendredi, il recevra également une décoration du président russe Vladimir Poutine, des mains de l'Ambassadeur de Russie au Brésil, le "Collier de l'amitié des peuples".

D'abord rétif à toute fête d'anniversaire, Niemeyer a finalement accepté "de recevoir ses amis" samedi dans sa maison de Canoas (zone sud de Rio), a-t-il confié à l'AFP.